L’aptitude maîtresse – D. Goleman / Résumé 5
Partie 2 (suite) : la nature de l’intelligence émotionnelle
L’aptitude maîtresse
Nous l’avons vu dans le précédent article, le cerveau émotionnel possède le pouvoir de subjuguer, voire de paralyser le cerveau pensant (néocortex).
Lorsque les émotions interdisent toute concentration, comme les émotions à forte charge négative, une capacité mentale est perturbée : la mémoire active. Celle-ci contient les données nécessaires à toutes les opérations intellectuelles. Le cortex préfrontal est le siège de la mémoire active. C’est le lieu de rencontre des sentiments et des émotions.
Donc, une détresse affective se paie par une moindre efficacité de la mémoire active et par là, une diminution générale des capacités intellectuelles.
Nos émotions bloquent ou amplifient notre capacité de penser, c’est-à-dire, planifier/apprendre en vue d’un but lointain/résoudre des problèmes/etc… . De fait, nos émotions définissent les limites de notre aptitude à utiliser nos capacités mentales. Donc, elles décident de notre avenir !
Parlons maintenant des émotions positives comme l’enthousiasme, la confiance en soi et la persévérance. Ces émotions se mobilisent pour atteindre un objectif à plus long terme permettant de s’astreindre à une discipline et à un entraînement rigoureux. Par exemple, la réussite d’un examen, d’une épreuve sportive, l’écriture d’un livre … .
Des études sur de grands musiciens, des joueurs d’échecs, des sportifs ou des scientifiques de haut-niveau ont montré que, plus les entraînements dans la discipline concernée commençaient jeunes, plus l’avantage se conservait la vie durant. Les meilleurs violoncellistes, par exemple, commencent à pratiquer leur instrument dès l’âge de 4 ou 5 ans.
Ce qui distingue les membres du peloton de tête, c’est une ténacité qui repose sur des traits psychologiques, comme l’enthousiasme et la persévérance face aux déconvenues. En matière de réussite, les personnes fortement motivées, quelles que puissent être leurs autres qualités innées, bénéficient d’une longueur d’avance.
En ce sens, l’intelligence émotionnelle est une aptitude maîtresse qui influe profondément sur toutes les autres aptitudes en les stimulants ou en les inhibants. Aucune aptitude psychologique n’est sans doute plus fondamentale que la capacité de résister à ses pulsions.
Cette faculté de l’intelligence émotionnelle de réfréner des envies et pulsions immédiates pour obtenir un but supérieur à plus long terme a fait l’objet d’études, notamment à l’université de Stanford avec le test des bonbons.
Cette étude a été réalisée sur des enfants de 4 ans. Dans une classe de maternelle, un éducateur-expérimentateur dépose devant chaque enfant une friandise. La consigne est la suivante : l’enfant peut manger à tout moment la friandise devant lui. Mais celui qui parvient à s’abstenir de la manger pendant l’absence de l’éducateur obtiendra à son retour deux bonbons. L’absence se prolonge … .
Certains enfants ont été capables d’attendre le retour de l’expérimentateur et ont été récompensés pour leur courage.
Douze ou quatorze ans plus tard, des observations ont été faites sur ces mêmes groupes d’enfants. La différence psychologique et sociale entre les enfants impulsifs et les autres, plus maîtres de leurs pulsions et envies étaient spectaculaires. Ceux qui avaient résisté à la tentation étaient devenus des adolescents sûrs d’eux, efficaces et surtout capables de surmonter des déboires.
En revanche, les enfants qui avaient saisi le bonbon, ne possédaient pas ces qualités et présentaient au contraire un profil psychologique plus perturbé. Devenus adolescents, ils avaient plus tendance à éviter le contact avec les autres, étaient têtus, indécis, facilement contrariés par leurs déboires et avaient souvent une piètre opinion d’eux-mêmes et de leurs capacités. Et après toutes ces années, ils restaient incapables de retenue.
A la fin des études secondaires, les enfants patients à 4 ans étaient bien meilleurs élèves que leurs camarades impulsifs. Leurs résultats aux examens d’entrée à l’université étaient supérieurs d’environ 20 % par rapport aux autres.
Les résultats obtenus au test des bonbons prédisent 2x mieux que n’importe quel test de Q.I. (quotient intellectuel) quels enfants vont réussir leur examen d’entrée dans le supérieur
Cela suggère que la capacité à différer la satisfaction de ses désirs pour un objectif futur est un élément essentiel du potentiel intellectuel.
L’intelligence émotionnelle est donc une méta-faculté qui détermine dans quelle mesure l’individu saura tirer parti de ses capacités.
LE POUVOIR DE LA PENSEE POSITIVE
L’espoir fait toute la différence. Quand on compare des résultats obtenus par des élèves possédant des aptitudes intellectuelles équivalentes, c’est leur confiance en l’avenir qui permet de les distinguer.
L’espérance n’est pas seulement ce qui nous réconforte quand tout va mal, mais elle joue un rôle très important dans des domaines qui nécessitent des travaux difficiles, comme la réussite à un examen.
L’espérance n’est pas simplement un point de vue optimiste mais « le fait de croire que l’on possède à la fois l’envie et les moyens d’atteindre les objectifs que l’on se fixe quels qu’ils soient ».
Les personnes confiantes en l’avenir savent se motiver, se persuader, lorsqu’elles sont dans une mauvaise passe, que les choses s’arrangeront et elles ont la conviction d’avoir les moyens d’atteindre leurs objectifs et la souplesse suffisante pour découvrir d’autres voies permettant d’y parvenir et de les changer.
Les gens confiants sont en général moins anxieux et moins sujets aux perturbations affectives dans la vie de tous les jours.
L’OPTIMISME : LE GRAND MOTIVATEUR
Même de légers changements d’humeur peuvent influer sur la pensée. Le biais perceptuel induit par la bonne humeur permet aux gens de penser de manière plus ouverte.
A contrario, la mauvaise humeur donne à notre mémoire un tour négatif qui nous incite à prendre des décisions trop prudentes et trop timides. Les émotions non maîtrisées entravent l’intellect.
L’optimisme, comme l’espérance, c’est la ferme conviction que, de façon générale et en dépit des revers et des déconvenues, les choses finissent par s’arranger.